J’ai proposé l’idée de capter une partie du débit d’étiage du Yar en baie de la Lieue-de-Grève pour la rejeter en un lieu d’où elle ne reviendrait pas dans la baie, mais serait diluée au large.
Je n’apprends que maintenant que l’idée de déplacer l’arrivée des nitrates a été proposée dès 1991 par des chercheurs de l’IFREMER1 (J.Y. Piriou, A. Menesguen, J.C. Salomon) pour combattre les marées vertes en baie de St Brieuc, et je tiens donc à leur rendre l’antériorité de l’idée.
Malheureusement elle a fait l’objet d’une levée de boucliers. Imaginez, on allait agir contre la nature ! Il ne s’agissait pourtant en premier que de dévier dans la baie l’écoulement qui s’était déplacé spontanément au cours des années d’observation. J’écris « spontanément » et non naturellement, car il est difficile d’évaluer l’impact des travaux portuaires, des installations conchylicoles et autres actions humaines sur cette évolution.
Ils envisageaient aussi d’aller jusqu’à canaliser des cours d’eau pour envoyer les rejets en une zone où ils seraient dilués, et où l’on pourrait éventuellement développer une culture d’algues pour utiliser les nitrates présents.
On ne peut que regretter qu’ils n’aient pas été entendus à l’époque.
Vingt ans plus tard, maintenant que leurs travaux et le temps passé ont montré à quel point la lutte serait difficile, sera-t-il plus facile d’en faire accepter le principe, au moins à titre expérimental ? Le fait de ne canaliser qu’une partie du débit d’étiage permet de diminuer le coût des travaux et peut sans doute aider à faire accepter leur idée.
1J.Y. Piriou, A. Menesguen, J.C. Salomon. 1991. Les marées vertes à ulves : conditions nécessaires, évolution et comparaison des sites.