L’arbitrage demandé par le gouvernement a conclu que les marées vertes avaient pour origine les rejets à la fois d’azote et de phosphore liés à l’activité humaine, et pas seulement les rejets de nitrates par l’agriculture.

S’il est un facteur fondamental, c’est le site. Il est possible de dire que les marées vertes sont inhérentes à certains sites puisqu’elles étaient déjà présentes en 1924 ! L’accroissement des rejets d’origine humaine a fait exploser un phénomène qui existait déjà.

La réduction des apports de phosphore n’aurait pas d’effet dans un avenir proche, compte-tenu des quantités élevées présentes dans les sédiments.

Le seul levier d’action disponible pour priver les algues des nutriments dont elles ont besoin serait donc la réduction des taux de nitrates dans les rivières concernées par le problème. Dans cette optique, les seuls qui peuvent agir contre les marées vertes sont les agriculteurs et la collectivité doit les soutenir dans ces efforts.

Il faut bien distinguer les taux maxima autorisés – 50 mg/l – et les taux qu’il faudrait atteindre pour avoir un effet sur les marées vertes : 5 à 10 mg/l annoncés, moins de 5 mg/l si l’on se réfère à l’histoire des marées vertes . Autant les premiers peuvent être atteints dans un avenir très proche pour les eaux de surface, un peu plus lointain pour les nappes phréatiques, autant les seconds seront difficiles sinon impossibles à atteindre : d’après le modèle utilisé, seul l’arrêt de l’agriculture permet d’arriver sous 10 mg/l en quelques années dans le cas du Yar et c’est probablement le cas aussi pour la baie de St Brieuc où les marées vertes ont commencé un peu après la baie de Lannion.

Demander aux agriculteurs des efforts pour arriver sous 50 mg/l est possible, c’est d’ailleurs le cas déjà aujourd’hui dans 94% des rivières bretonnes, leur demander de faire le nécessaire pour que les taux se rapprochent de la valeur guide (25 mg/l) est sans doute envisageable, leur demander d’arriver sous 10 mg/l revient à leur demander de disparaître, et, s’ils disparaissent, disparaîtront avec eux les emplois induits correspondants, en amont et en aval ; d’ailleurs ils ne semblent pas prêts à disparaître spontanément. ( »Étonnant, non ? » comme aurait dit Desproges.)

Il faut sortir du piège dans lequel le débat a été enfermé depuis trop longtemps, marées vertes n’est pas synonyme de nitrates, même si ceux-ci jouent un rôle important. Il faut traiter le problème des nitrates d’une part, le problème des échouages d’ulves d’autre part.

Dans cette recherche de solution au problème posé par les échouages, toutes les pistes doivent être explorées, sans à priori.

Le cas de la baie de la Fresnaye, où l’enlèvement du maximum d’ulves pendant trois ans a été suivi de l’arrêt des marées vertes, doit être exploité, et servir sinon d’exemple, au moins de base de réflexion.

Mais d’autres voies, comme la limitation du transfert des ulves des stocks profonds vers le rideau, ou le détournement à la période sensible d’une partie du débit des rivières véhiculant les flux de nitrates, méritent d’être examinées de manière approfondie.