Les actions curatives visent à nettoyer les plages pour les rendre plus agréables. Ce nettoyage s’accompagne en général de l’enlèvement de beaucoup de sable, d’abord parce qu’il n’est pas facile de le séparer des algues, et ensuite parce que les agriculteurs longtemps chargés de ce nettoyage étaient intéressés par le sable autant que par les algues. Ceci a aussi l’inconvénient que les tonnages enlevés incluent une part de sable mal connue, ce qui rend la compilation des tonnages ramassés un peu vaine.
Une entreprise (Bleu-Vert) ramasse sur les plages avec un engin d’entretien des pistes de ski (!), ce qui permet de diminuer très sensiblement la quantité de sable collecté.
Plus récemment ont été menés des essais de récolte dans le rideau, sous la supervision du CEVA, dans la baie de St Michel en Grève. Les matériels testés étaient des engins à roues, roulant dans 50 cm à un mètre d’eau, poussant ou remorquant un dispositif de collecte. Techniquement, les matériels sont au point, mais des difficultés surgissent au moment où l’activité doit être autorisée et financée.
L’administration doit donner l’autorisation de ramasser : il s’agit de l’estran, donc en toute logique d’une zone relevant de la compétence des Affaires Maritimes, et celles-ci n’ont pas de »case » pour classer cette nouvelle activité (pêche en tracteur dans l’eau, pour résumer) et si elles donnent volontiers des autorisations tant qu’on est dans le domaine expérimental, elles sont beaucoup plus réticentes quand il s’agit d’une activité commerciale, même si les algues sont destinées à connaître la même fin que celles qui ont été ramassées échouées à quelques dizaines de mètres de là. En dehors de cet aspect purement administratif, il y a aussi une raison environnementale qui sera abordée plus loin.
Mais il faut en plus l’autorisation des communes riveraines pour passer sur les voies d’accès à l’estran. De plus, c’étaient jusqu’ici les communes en question qui payaient l’enlèvement des algues, à leur charge ensuite de se retourner vers l’État pour se faire indemniser. En fin de compte, les administrations locales et préfectorales se renvoient la balle, sans qu’aucune autorisation ne soit accordée. Donc des machines efficaces, qui ont été subventionnées par les deniers publics dorment dans des hangars.
En fait, l’activité de ramassage sur la plage après échouage, ou dans le rideau avant échouage se pratique exactement aux mêmes endroits1, mais pas aux mêmes heures : dans un cas on ramasse quand l’eau n’est pas là, dans l’autre, on ramasse quand l’eau est là.
Plus récemment encore, des essais ont été menés en eau profonde sous la surveillance du Parc Naturel Marin d’Iroise. Il a été démontré qu’il était techniquement possible de remonter des quantités d’algues importantes du fond, sans toutefois qu’on puisse affirmer que cela permettait de diminuer les échouages. Lors des premiers essais, les algues ramassées en rade de Brest ont été rejetées dans un chenal assez profond pour que la croissance des algues soit interrompue ; mais les manœuvres de transport du stock d’algue dans l’eau étaient beaucoup trop longues, et des pêcheurs de la rade ont protesté. Il est donc prévu de les rapporter à terre. Des essais doivent avoir lieu en 2013 pour mesurer l’impact de cette récolte en vraie grandeur.
La position des Affaires Maritimes est la même que vis-à-vis de la pêche dans le rideau, mais le financement est encore plus compliqué, les communes se sentant moins concernées par la pêche d’algues qui sont encore au fond, et dont on n’a pas la certitude qu’elles viendront s’échouer un jour !
Indépendamment de l’efficacité supposée, mais inconnue de ces types de pêche nouveaux (dans le rideau ou en mer), comme outil de prévention des échouages, ils présentent l’intérêt de ramasser des algues pas encore dégradées et beaucoup moins chargées en sable que celles qui sont ramassées sur la grève après échouage, donc plus susceptibles d’être valorisées ultérieurement.
Par contre le coût de ramassage est nécessairement plus élevé. Autant le ramassage sur la grève peut être effectué avec des engins standards ( tractopelles, camions avec bennes amplirol ou tracteurs avec remorque), autant le travail dans le rideau et le travail en mer nécessitent du matériel spécialisé, donc plus coûteux à l’investissement ; de plus ce matériel ne pouvant être utilisé que peu de temps dans l’année aura un amortissement horaire beaucoup plus élevé.
Pour résumer, une récolte de meilleure qualité, mais plus chère, sans qu’on soit sûr que l’impact sur les échouages et les stocks justifie l’opération.
Dans les deux cas, pêche dans le rideau ou pêche en mer, il ne suffit pas de savoir le faire techniquement, encore faudrait-il pouvoir prouver que c’est environnementalement sans danger et économiquement efficace.
Le respect de la biodiversité.
Un mot bien compliqué et très à la mode pour dire qu’il ne faut pas pêcher n’importe quoi. Les réticences des administrations, qu’il s’agisse des Affaires Maritimes ou du Parc Naturel Marin d’Iroise, s’expliquent en partie par la crainte que la récolte ait un impact sur la faune vivant dans l’environnement des algues vertes : juvéniles de poissons plats ou naissain de coquillages qui pourraient être écrasés par les engins dans le cas du ramassage dans le rideau, ou poissons ou faune en général qui pourraient être remontés avec les algues dans le cas de pêche en eau profonde.
On trouve en effet dans les algues d’une part des poissons qui y trouvent refuge (hippocampes par exemple) et qui ne sont là que parce que les ulves leur offrent un abri contre les prédateurs, d’autre part des poissons ou crustacés qui ont naturellement leur place sur les fonds de sable. Pour la première catégorie, on ne peut pas considérer que ce sont des hôtes naturels de ces sites, donc les pêcher ne devrait pas poser de problèmes, si ce n’est pour les industriels intéressés par la valorisation des ulves, qui peuvent être gênés par la présence d’animaux dans les algues.
Pour les animaux dont c’est l’habitat normal, il faut bien sûr un suivi scientifique : il faudra donc que des chercheurs suivent les expérimentations pour pouvoir faire un bilan de l’activité de ramassage,avec les avantages et les inconvénients de l’intervention.
Le financement.
Jusqu’ici, le ramassage était à la charge des communes, ou communautés de communes. Le coût est considérable ; estimé à 1 644 000 F en 1984, il est estimé à 1 200 000 € en 2009. Des aides pouvaient être obtenues, par exemple, les aides des Conseils Généraux des Côtes d’Armor et du Finistère étaient respectivement de 308 000 € et 94 000 € en 2008.
Par une décision de mars 2013, le tribunal administratif a condamné l’État à rembourser à certaines communes (celles de la baie de Lannion) les frais engagés en 2010 pour le ramassage des ulves.
Jusqu’ici, comme tout était payé par les collectivités locales, départementales, régionales ou gouvernementales, l’analyse des différents postes de dépense ne présentait pas beaucoup d’intérêt. Mais si les choses changent, il va être nécessaire d’analyser les postes de dépenses, ils sont au nombre de trois: le ramassage proprement dit, le transport, et l’élimination.
De l’élimination à la valorisation ?
Les évolutions envisagées sur les modes de ramassage permettent d’espérer la disponibilité dans un proche avenir d’algues de qualité dont la valorisation sera possible. Cela n’a pas toujours été le cas.
Historiquement la forme la plus ancienne d’élimination consistait à épandre le mélange ulves échouées et sable sur des champs, ou à les stocker dans des carrières désaffectées, ou en décharge, avec les problèmes de pollution olfactive et de pollution par ruissellement ou par infiltration que cela pouvait poser. Encore récemment, l’épandage était la solution retenue pour les algues ramassées à la Lieue de Grève. Par exemple, en 2009, 23000 tonnes ont été épandues sur 1039 hectares chez 88 agriculteurs (communication sur la Lutte contre les proliférations d’algues vertes en Baie de St Michel-en-Grève). L’ensemble est contrôlé, et il doit y avoir au moins 3 ans entre 2 épandages sur de l’herbe (avec au maximum 15 m3/hectare) , et 5 ans si c’est après culture (avec au maximum 30 m3/hectare). Mais l’épandage d’algues vertes fraîches étant interdit par le plan de lutte contre les algues vertes, Lannion-Trégor-Agglomération qui est chargée de l’opération doit trouver une autre solution.
Plus récemment des stations de compostage2 ont été utilisées, voire créées dans ce but. Il est en effet possible de composter des ulves, à condition de les mélanger avec des déchets verts, leur teneur en eau trop élevée empêchant de les composter seules. L’opération a toujours un coût (plus de 30€ la tonne) , mais l’intérêt de l’opération réside dans le fait de disposer d’un fertilisant qu’on peut utiliser au bon moment pour les cultures.
Plusieurs communes, ou des communautés de communes se sont équipées de sites de traitement des ulves par compostage. C’est une nette amélioration, puisque si l’épandage des algues sur des champs du bassin versant du lieu traité risquait de se traduire à plus ou moins longue échéance par le retour d’une partie des éléments nutritifs dans la baie concernée, le dépôt en décharge qui était quelquefois pratiqué garantissait une pollution locale, et un retour rapide de tous les éléments nutritifs vers la mer. En effet, la rapidité de la dégradation des ulves après ramassage contraint à un étalement immédiat ne correspondant pas nécessairement avec les cycles de mise en culture, ni avec les conditions météorologiques optimales.
Parmi les stations de compostage en service, il y a le Smitom de Launay-Lantic (22), la station de Douarnenez (29), et celle de Plonevez-Porzay (29).
Parmi les stations arrêtées, on peut citer celle du Châtelet (22) et celle de Hillion (22), toutes les deux arrêtées pour cause de nuisances olfactives ; la décision de la mairie d’Hillion de fermer cette dernière est contestée en justice, et fait l’objet d’une demande d’indemnisation.
Il existe des unités de séchage d’algues utilisées quelquefois pour des ulves, mais ce ne sont pas des tonnages significatifs par rapport aux tonnages ramassés. Quant au sèchage du goémon qui se pratiquait dans le passé sur les dunes (avant incinération pour la production de soude), on n’ose imaginer les réactions s’il venait à quelqu’un l’idée d’étaler des ulves sur ces dunes aujourd’hui protégées pour les sécher.
La méthanisation3 a été évoquée, qui permet de récupérer de l’énergie, et pourrait permettre de se débarrasser du phosphore4 , mais ne résout pas le problème de l’azote ; en effet, celui-ci se retrouve sous forme ammoniacale dans le liquide restant. Le bénéfice éventuel de l’opération en ce qui concerne les nitrates résiderait peut-être dans une amélioration de la disponibilité de l’azote restant.
Une entreprise italienne fait depuis des années du papier avec des ulves (depuis l’époque où il y avait beaucoup d’ulves dans la lagune de Venise). Il est probable qu’elle ne payait pas les ulves.
Une entreprise du Morbihan ( Olmix ) fait des compléments pour l’élevage suite à des travaux de recherche qui ont abouti au dépôt d’un brevet. Elle valorise les ulves, et ne semble pas les avoir payées à ce jour. Mais elle a pris en charge le transport et il n’y a pas eu de coût d’élimination ; il y a donc eu une économie pour les collectivités concernées. Elle a des projets sur la récolte en mer et dans le rideau, pour récupérer des algues assez propres pour être valorisables.
D’autres entreprises ont des projets ou utilisent déjà de petites quantités d’ulves, en particulier en alimentation humaine ou en alimentation animale.
Valeur alimentaire.
Les ulves sont comestibles pour l’homme, et consommées en quantités non négligeables, par exemple au Japon. Les pancartes plantées sur les plages bretonnes ces dernières années au nom du principe de précaution donnent l’impression qu’il s’agit d’un produit dangereux, alors qu’il ne pose de problème qu’après dégradation anaérobie. C’est le cas de la plupart des produits alimentaires, ils sont nettement moins appétissants après pourriture, mais il est vrai qu’on les laisse rarement pourrir par centaines de tonnes dans des lieux publics !
L’odeur d’hydrogène sulfuré après dégradation des ulves est due à la présence de glucides particuliers, (des polysaccharides soufrés), les ulvanes, dont la digestion anaérobie par les bactéries provoque le dégagement de H2S. On a vu que le danger pour la santé venait du fait que ce gaz est enfermé sous la croûte formée en surface.
Dans les années 80 le CEVA a procédé à de nombreux essais de valorisation, en particulier en alimentation animale pour différentes espèces, y compris des essais d’ensilage. Faute de réelles marques d’intérêt, et sans doute surtout faute d’avoir su à l’époque ramasser des algues sans sable, ou les séparer du sable de façon économique, ces essais n’ont pas eu de suite. En effet, sauf chez les volailles qui peuvent en supporter un peu, le sable a une valeur énergétique »négative », ce qui traduit le fait que l’effet abrasif qu’il a sur la muqueuse digestive diminue la digestibilité du reste de la ration, donc en diminue la valeur énergétique.
Les ulves sont en frais un produit pauvre en matière sèche (seulement 10% environ)5, mais dont la matière sèche est aussi riche en protéines (environ 20% de la matière sèche avec des variations en plus ou en moins), que de la matière sèche de trèfle ou de luzerne. Pour mémoire, trèfle et luzerne sont des légumineuses et vivent en symbiose avec des bactéries qui captent l’azote de l’atmosphère, et sont réputés pour être très riches en protéines.
Les ulves sont un produit de valeur, pénalisé seulement par sa richesse en eau.
En supposant que des entreprises soient intéressées par leur transformation, comment peut se créer l’économie de ce ramassage ?
L’économie du ramassage.
Certaines entreprises considèrent qu’elles n’ont pas à payer un produit qui avait, jusqu’à ce qu’elles s’y intéressent, une valeur négative6 ; Les collectivités souhaitent au contraire les faire payer, puisqu’elles vont valoriser les ulves et sans doute en tirer profit. Certains élus refusent par contre l’idée même de valorisation, de crainte de voir naître un intérêt à la pérennisation du problème. Le Télégramme du 10 octobre 2012 le raconte :
Algues vertes. Fléau pour les uns filon pour les autres
….Pour Jean-Claude Lamandé, envisager «une filière sur un déchet» ne tient pas la route. Primo, parce que les algues vertes «ne sont pas une richesse». Secundo, parce que confier leur ramassage et leur exploitation au privé revient, «quelque part, à encourager la pollution. C’est l’éradication des algues vertes qu’on vise, non leur prolifération»….
Si l’on se place dans le cas d’un industriel qui transforme les ulves, par exemple par compostage, il se situe dans l’optique du traitement d’un déchet, il doit se faire payer pour les éliminer ; c’est à dire que les ulves ont une valeur négative. Ceci est la situation actuelle où tout est pris en charge par la collectivité.
Par contre, si l’on se place dans le cas où un industriel considère les ulves comme une matière première et est assez intéressé pour les payer dans le cadre du respect d’un cahier des charges, la question de la prise en charge du ramassage se pose.
Pour l’entreprise qui doit assurer le ramassage, le revenu peut venir soit de la vente des algues aux industriels intéressés, soit de la vente aux collectivités d’une prestation de nettoyage de la mer pour diminuer ou éviter les échouages.
Si le revenu vient de la vente des algues, et que la concentration des algues diminue d’année en année parce que la pression mise sur les stocks d’algues est »efficace », (voir plus loin l’exemple de la baie de la Fresnaye), le prix de revient unitaire des algues ramassées va augmenter. En effet, pêcher 10 tonnes sur 1 hectare ou sur 3 hectares n’a pas le même prix ; tous ceux à qui il est arrivé de passer l’aspirateur ou le balai savent que le temps passé est plus fonction de la surface à nettoyer que de la quantité de poussière à ramasser. Il sera impossible de fixer un prix en début d’année, puisqu’on ne connaît l’évolution des stocks d’algues que dans le courant de l’été. Donc il sera sinon impossible, au moins très difficile, de baser un projet d’entreprise sur la vente des algues…. sauf si la pression de ramassage est sans aucun effet sur l’évolution des stocks.
Donc il est évident que l’entreprise de ramassage et celle qui valorise les ulves auront intérêt à modérer l’effort de pêche pour pérenniser la ressource, ce qui n’est pas nécessairement le désir des collectivités.
Si le revenu vient du nettoyage, c’est-à-dire si ce sont les collectivités qui payent, l’entreprise assurant le nettoyage peut assez bien prévoir le coût horaire du ramassage, et facturer soit à l’unité de temps, soit à l’unité de surface traitée ; dans le premier cas, la collectivité assure le risque lié à l’incertitude du temps à passer, fonction des quantités à ramasser, dans le second cas, c’est l’entreprise qui prend le risque lié au surcoût du nettoyage de surfaces plus chargées en algues.
La collectivité qui a payé l’enlèvement des algues peut être considérée comme propriétaire des algues, donc les vendre à des industriels intéressés, ce qui paiera au moins une partie du coût de ramassage (mais peut-être plus dans certaines conditions). Cette option est donc très intéressante pour la collectivité, par rapport à la situation actuelle où elle paie tout du ramassage à l’élimination. Elle doit assurer le financement du ramassage, puis la facturation des algues ; mais demeure le risque que la qualité des algues ne soit pas conforme au cahier des charges de l’industriel (présence de sables, d’animaux, délai entre le ramassage et la mise en œuvre…). Elle doit donc être équipée pour traiter les algues qui ne pourraient être valorisées, ce qu’elle fait déjà actuellement. Mais elle garde le contrôle du ramassage, et peut donc, si elle en a l’opportunité ! aller jusqu’à se débarrasser totalement des ulves.
Donc il est évident que si l’on souhaite essayer de faire comme en baie de la Fresnaye (même si on n’a pas d’espoir de tenir là une solution définitive, on peut espérer diminuer les quantités produites progressivement), il faut que ce soient les collectivités qui gardent le contrôle sur le ramassage, donc qui le paient.
Au contraire, si on veut garder les ulves, de crainte que d’autres choses (autres algues ou phytoplancton) ne s’installent, en se disant que c’est une ressource intéressante, on peut alors faire payer le ramassage par les industriels intéressés par la valorisation, sans chercher à trop diminuer les stocks pour en assure la pérennité. L’idée de vouloir garder les algues n’est pas une plaisanterie : dès qu’on évoque publiquement l’idée de ramasser les algues dans l’eau, il se trouve des gens pour s’inquiéter de ce qui va se passer après, et on peut en effet se demander ce qui va se développer avec ces nutriments que les ulves n’utiliseront plus. On verra qu’un début de réponse a été apporté dans la baie de la Fresnaye.
Dans le premier cas, il s’agit déjà un peu de traitement préventif, puisqu’on essaie de diminuer les stocks tampons qui assurent le démarrage des années suivantes, dans le second cas, il s’agit d’une gestion du problème qui permet de trouver un financement au ramassage, et une valorisation, donc une création de richesse. Pas absurde dans la situation économique du pays ! Mais est-ce vraiment le but de la manœuvre ? L’élu cité plus haut ne semble pas le penser.
Si l’intérêt des collectivités est une chose, l’intérêt des industriels en est une autre, et on ne peut pas espérer qu’un industriel investisse dans de la recherche, dans un outil industriel, puis fasse des efforts commerciaux s’il n’a pas une certaine garantie dans la pérennité de l’accès à la ressource. On voit par là que même si tout le monde est honnête et de bonne foi, le problème n’est pas simple, les intérêts à long terme sont trop différents.
Le ramassage va probablement passer progressivement et au moins partiellement du stade du ramassage sur la plage d’un déchet à éliminer à des types de ramassage plus élaborés permettant l’obtention d’un produit apte à la valorisation.
1En toute rigueur : sauf pour la bande la plus basse des plus grandes marées où il n’y a jamais d’échouages, mais où on pourrait récolter dans le rideau
2Le compostage est un processus biologique naturel de dégradation aérobie (en présence d’oxygène) qui permet de transformer des déchets en un produit stable, qui ressemble à du terreau, le compost.
3La méthanisation est un processus biologique naturel de dégradation anaérobie (sans oxygène), au cours duquel une partie importante de la matière organique est transformée en biogaz, essentiellement du méthane (la molécule de méthane est constituée d’un atome de carbone et 4 atomes d’hydrogène (CH4 ), alors que le propane a 3 atomes de carbone et 8 atomes d’hydrogène (C3H8), et le butane 4 atomes de carbone et 10 atomes d’hydrogène (C4H10)).
4 On peut se débarrasser du phosphore par centrifugation du digestat, c’est à dire de ce qui reste après méthanisation.
5 Curieusement, on peut constater que dans de nombreuses publications de l’IFREMER le taux de matière sèche retenu est de 2,8%, valeur quelquefois assortie de la mention »source CEVA », alors que l’un comme l’autre confirment un taux de 10%, d’autres sources faisant même état de taux de matière sèche supérieurs, dépassant quelquefois 20%. Le résultat dépend largement du temps passé entre la sortie de l’eau et la mesure, et de la pression exercée sur les algues, mais il semble difficile d’expliquer l’origine de ce taux de 2,8%. L’ennui est qu’il est utilisé pour les calculs de production potentielle d’algues pour une quantité d’azote ou de nitrates donnée, ce qui fausse quelque peu les résultats. Dans la mesure où ce sont surtout des corrélations qui ont été mises en évidence, ( ou pas ), c’est sans grande incidence sur la compréhension du problème.
6 Une valeur négative traduit le fait qu’on est prêt à payer, non pas pour obtenir le produit, mais pour obtenir d’en être débarrassé, les ordures ménagères par exemple.